Chamatex, dans les coulisses de l’innovation
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- 10 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 avr.
Quel est le point commun entre Salomon, Hoka ou Asics ? Ces trois marques de chaussures de trail-running utilisent la même matière : le Matryx. Un tissu innovant développé par le groupe Chamatex. Ce fleuron de l’industrie textile, basé en Ardèche, s’est taillé une solide réputation dans la création de tissus techniques pour l’ameublement, la sécurité et le sport, avant de se diversifier plus récemment dans la fabrication de chaussures et de vêtements outdoor.

« La stratégie du groupe est d’aller de plus en plus loin dans la chaîne de valeur, du fil jusqu’au produit fini », explique Gilles Réguillon, pdg, qui a repris l’entreprise en 2011 en la réorientant vers le haut de gamme et l’innovation. Aujourd’hui, Chamatex emploie 350 collaborateurs, dispose de 10 filiales sur quatre continents et réalise un chiffre d’affaires consolidé de 45M€, en croissance de 5%. La holding Chamatex est contrôlée par Gilles et Lucie Réguillon, et compte parmi ses investisseurs minoritaires, aux côtés des cadres de l'entreprise, des personnalités émérites de l'industrie du sport : Philippe Joffard, Jean-Marc Pambet et Eric Babolat.
Jusqu’ici peu connu du grand public, Chamatex s’est fait un nom dans le milieu du sport avec son tissu Matryx, qui est utilisé par de nombreuses marques de chaussures, comme Merrell, Puma ou encore The North Face.
Un tissu à la fois résistant, léger et respirant, qui a permis de repenser la construction d’une chaussure de sport. Cela a poussé le groupe à travailler lui-même sur de nouvelles techniques d’assemblage de chaussures. En plus de fournir ses tissus techniques à des tiers, Chamatex a franchi une nouvelle étape en 2021, en construisant une usine de chaussures hautement automatisée et digitalisée : ASF 4.0. « Nous innovons non seulement dans le produit textile, mais aussi dans le process industriel », souligne le pdg. Cette Advanced Shoe Factory, implantée sur le site ardéchois d’Ardoix, a été créée avec le concours de quatre entreprises associées, Salomon, Millet, Babolat et l’agence Zebra, spécialisée dans le design et l’innovation. Plusieurs modèles de trail-running, comme la Metacross de Salomon ou l’Intense de Millet, sont ainsi fabriqués en France dans l’usine d’Ardoix. « Nous avons déjà produit 100 000 paires de chaussures depuis la création d’ASF 4.0 », indique Gilles Réguillon.
Dans la foulée, Chamatex a poursuivi son développement avec l’acquisition de deux entreprises drômoises : le fabricant de chaussures InSoft et la start-up TopTex Cube (photo), qui a été fondée en 2013 par Philippe Joffard, ancien président du groupe Lafuma-Millet. Implanté à Claveyson (26), TopTex Cube est un atelier de confection innovant, spécialisé dans les techniques d’assemblage sans couture et le textile thermoformable. De grandes marques de luxe (Vuitton, Hermès) font appel à ses services pour des intérieurs de bagagerie, par exemple. TopTex Cube a également confectionné des vestes de ski freeride pour Rossignol et des gilets pare-balles pour l'armée. Parmi les derniers développements, le sac d’hydratation Intense One de Millet. L’entreprise emploie 35 personnes dans la Drôme et 45 personnes en Tunisie, dans un deuxième site ouvert il y a deux ans suite au rachat par Chamatex.
Enfin, InSoft s’est fait connaître d’un public d’initiés avec son modèle de chaussures éco-responsables Ector. La petite entreprise, créée par Patrick Mainguené (ex-Lafuma), est aujourd’hui installée avec ses dix salariés dans les locaux de TopTex Cube. Elle développe sa propre collection de sneakers, ainsi que les chaussures de vélo des marques Mavic et Ekoï.

Maintenir une production en France reste un défi, estime Gilles Réguillon. « Les fabricants asiatiques sont très forts, tant sur la qualité que sur les délais. Sans une politique d’excellence, on n’existerait pas ! », lance le pdg, selon qui « en matière de RSE, la première des responsabilités pour un entrepreneur, c’est de générer des emplois en France. On se bat tous les jours pour avancer ! ». Mais les contraintes restent nombreuses. « Je me dois cependant d’être réaliste. Les coûts de production d’ASF 4.0 restent élevés par rapport au prix du marché. Nous réfléchissons à ouvrir une deuxième unité ASF 4.0 au Portugal, de la même manière que nous avons ouvert une usine TopTex en Tunisie pour réaliser des volumes supérieurs et être plus compétitifs ».
C’est également afin de « dégager des marges pour vivre », que le groupe a décidé de lancer parallèlement ses propres marques : « Inspyrations », des vêtements de ski et outdoor polyvalents et éco-responsables. Une marque pilotée par Grégory Delamalle (ex Rossignol Apparel) et mise en vente dès cette année au Vieux Campeur, notamment. Et la nouvelle marque de sneakers « 555 », développée avec l’agence Zebra, qui sera dévoilée courant mai. Le groupe disposera prochainement d’un showroom à Paris pour y présenter ses marques dans le sport, la sécurité et l’ameublement. // EG
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